portrait de la princesse palatine pour illustrer l'article PCPL dédié à sa correspondance

Les Bons Mots de la Palatine : Madame est une Gossip-Girl

 

Qu’on l’aime ou qu’on la déteste, le moins qu’on puisse dire c’est qu’Élisabeth-Charlotte du Palatinat (Elisabeth Charlotte, Prinzessin von der Pfalz en VO allemande), plus connue sous le nom de « La Palatine », a été une des grandes gueules de son époque.
Louis XIV la qualifiait d’ailleurs lui-même comme telle !

Quand elle débarque à Versailles à l’âge de 19 ans, cette seconde épouse de Philippe d’Orléans, dit « Monsieur », frère du Roi, a déjà l’esprit et la plume sacrément aiguisés et entend bien s’en servir !

Prolixe, on estime que « Madame » entretint une correspondance de plus de 60,000 lettres à travers toute l’Europe, dont on a (malheureusement) pu conserver à ce jour qu’un petit dixième.
Mais quel dixième !!!!

La plupart des lettres de la Palatine sont de véritables petits bijoux d’humour et de sarcasme saupoudrés de mots crus sur les personnes, le us et coutumes et les petits maux de la vie de cour.

Quand la Palatine aimait : elle le disait.
Quand la Palatine n’aimait pas : elle le disait aussi… et sans chichi !

« Je suis trop franche pour écrire autrement que je ne pense »
Et on vous en remercie chère Madame !


Pétillante, drôle, avisée, droite, indépendante, parfois triviale et sans complaisance mais toujours juste dans ses affections ou ses ressentiments, celle qu’on a surnommé l’ « Océan D’encre » méritait bien que PCPL lui dédie une rubrique !


Les Bons Mots de la Palatine

« Madame est une vraie Gossip Girl! »

La Palatine – La Comtesse Louise – 23 Décembre 1701


Depuis la mort de son époux Philippe d’Orléans, frère de Louis XIV, Liselotte s’ennuie ferme.

En effet, si le Roi a consenti à ne pas l’envoyer au couvent malgré son veuvage, il l’a écartée de toutes les représentations officielles.

Alors Madame cancanne pour faire passer le temps et fait profiter les copines de ses p’tits ragots


… On apprend de Paris des histoires fort étranges.

La fille d’un bourgeois qui était assez riche, et âgée de quatorze ans, fut enlevée par un jeune homme, et devint enceinte; elle fut assez adroite pour cacher la chose, et elle accoucha en secret d’un enfant, qu’on porta ensuite aux Enfants Trouvés : elle lui fit une marque pour le reconnaitre plus tard.

Pendant deux ans elle en eut soin ; elle allait le voir, et lui fournissait ce qui lui était nécessaire.

Un riche marchand de Paris devint amoureux de cette créature et l’épousa. Mais comme ses visites à l’hospice des enfants Trouvés lui donnaient des soupçons, elle cessa de les faire.

Après avoir vécu vingt ans avec son mari, il mourut, lui laissant toute sa fortune.
Elle avait un grand penchant pour le premier garçon de boutique de son mari, et il l’aimait aussi.

Un jour, elle s’aperçoit que son (nouveau) mari a sur le corps un signe pareil à celui qu’elle a fait à son enfant; elle court aux Enfants trouvés , et demande ce qu’est devenu le jeune homme dont elle avait pris soin. On lui répond qu’en grandissant, il avait montré du goût pour le commerce, et était entré chez un riche marchant dont on lui dit le nom, et c’était celui de son mari défunt.

La femme ne put pas douter davantage que son second mari ne fut son fils

Elle alla trouver son confesseur, et lui raconta la chose : le confesseur lui ordonna de tenir l’histoire secrète et de ne pas avoir de commerce avec son mari jusqu’à ce que la Sorbonne ait décidé à cet égard, et l’on ne sait pas encore ce que sera cette décision.

 

 

Sources : Correspondance complète de madame duchesse d’Orléans née Princesse Palatine, mère du régent. Vol.1 – 1 janvier 1857 – p.62