portrait de louis XIV pour illustrer l'article drôle d'Histoire dédié au phénomène des fontaines du Roi

Les Fontaines du Roi : Pourquoi les Aliments de Louis XIV lui Ressortaient par le Nez ?

Louis-XIV… En voilà un Roi qui a(vait) de la gueule !
Dans les cours d’histoire et les tableaux, en tout cas, c’est certain !

Parce qu’au quotidien, ça ne devait pas franchement être une partie de plaisir de le côtoyer… notamment à cause de son hygiène douteuse et sa santé précaire dont on connait le détail grâce au « Journal de la Santé du Roi » que tinrent fidèlement ses médecins successifs, Vaultier, Cousinot, Vallon, d’Aquin et Fagon.


Dès le départ, c’est pas gagné pour le petit Louis : à sa naissance, les médecins le trouvent malingre précisant tout de même que tout est normal vu qu’il est né d’un « père valétudinaire » et d’une « mère lymphatique » (comprenez que son père est tout le temps malade et sa mère est plutôt molle du genou).
ecarteur utilisé pour soigner la fistule anale de Louis 14, pour illustrer l'article PCPL sur les fontaines du roi– A 5 ans, il manque mourir de la petite vérole.

– A 35ans, il attrape une fièvre maligne au siège de Calais

– A 45ans c’est le début de la célèbre fistule anale dont il devra se faire opérer 2 fois… à vif, évidemment !

– A 70ans, il développe un diabète assorti d’une gangrène.


…Et je ne vous parle là que des grandes pathologies!

Vous imaginez bien qu’entre tout ça, il y en eut plein plein plein de mineures : malaises, vertiges, vapeurs, constipations ou au contraire diarrhées foudroyantes…

Mauvais sommeil, mauvaise alimentation, mauvaise hygiène ne font pas bon ménage dans un corps humain, même royal, et c’est justement là que je voulais en venir… à l’hygiène… bucco-dentaire en particulier.

« Le Journal de la Santé du Roi » nous apprend que la bouche du Soleil n’était pas brillante.
Ses dents sont si cariées et ses gencives si infectées qu’à 38 ans, on avait déjà du lui arracher (à vif encore une fois) quasiment toutes les dents de la mâchoire supérieure (je pourrais vous parler des nombreux abcès purulents qu’il fallu inciser mais j’ai peur de vous faire vomir 😉 )

Les soins dentaires s’apparentant plus à de la boucherie qu’à de la médecine, lesdites extractions firent éclater sa mâchoire laissant un trou béant dans la voûte du palais entrainant de fait une « communication bucco-sinusienne ».

Pour bien comprendre ce que ça veut dire, je citerai simplement le premier médecin d’Aquin, qui note dans le journal :

« toutes les fois que [le roi] buvait ou se gargarisait, [le trou] portait l’eau de sa bouche dans son nez, d’où elle coulait comme une fontaine »

C’est donc tout naturellement que cet étrange phénomène prit le sobriquet de « Fontaines du Roi » parmi les courtisans de Versailles.
couverture du journal de la santé du roi
Le roi s’en accommode bon-gré-mal-gré (plutôt mal-gré d’ailleurs) jusqu’en 1685 où il devient urgent de remédier aux « Fontaines du Roi » :

D’abord c’est le roi et ça ne fait pas très sérieux lors des dîners publics d’avoir un bout de pintade qui vous ressort par la narine, ensuite infections et abcès se multiplient.

Le roi semble littéralement pourrir de l’intérieur et l’odeur se dégageant de sa bouche est insoutenable.

Le premier chirurgien Felix-de-Tassy décide donc de refermer le trou par cautérisation… pas moins de 14 points de feu furent nécessaires … toujours sans anesthésie évidemment.

« Après cette application du feu, nous lui conseillâmes, trois ou quatre fois le jour, de faire passer de la bouche par le nez une liqueur, ou gargarisme, composé d’un quart d’esprit de vin, autant d’une eau vulnéraire distillée, et moitié d’eau de fleurs d’oranger, pour résister à la pourriture, faciliter la chute des escarres, et avancer la régénération de la gencive, par laquelle seule on pouvait espérer de boucher le passage [ …] Mais ce ne fut qu’après avoir encore appliqué le cautère par trois fois, que la carie nous parut entièrement guérie. Depuis ce temps, les chairs se sont engendrées si abondantes et si solides, que ce trou de la mâchoire est entièrement rebouché, et qu’il ne se trouve plus aucun passage pour porter l’eau de la bouche par le nez »

Cette guérison, si elle suscite la joie du monarque et de ses proches, n’est pas exempte d’effets secondaires : Louis XIV passera la fin de sa vie à se moucher abondamment pour évacuer moult mucosités à, je cite, « l’odeur forte et quasi cadavéreuse ».
Hummm…

 


Sources : Journal de la Santé du Roi, Vaultier, Cousinot, Vallon, d’Aquin, Fagon – Web Divers

2 comments

  1. C’est honteux mais j’ai ri avec plaisir… Et dire que cet homme a eu des maîtresses… et dire qu’on dit qu’elles ne faisaient rien pour gagner leur croûte… Pauvres créatures…

    Ceci dit… il a souffert plus avec ses traitements que s’il avait fait une bonne guerre des tranchées…

    • PCPL

      Au contraire ! Ca me fait plaisir que vous ayez ri ! C’est un joli compliment pour PCPL 😉 Bises