Londres
23 Aout 1791.
Une femme se jette par la fenêtres pour échapper à ses créanciers…
Sur sa poitrine, un V gravé au fer rouge.
S’il est notoire que les fille de joie étaient marquées de la sorte d’une fleur de lys, on ignore souvent que les voleuses étaient également marquées d’un V dans leur chair.
Et celle dont le crane rencontra le pavé n’en était pas à son vol d’essai ! (ah ah ah ! Que je suis drôle !)
Jeanne de Valois Saint Rémy, car c’est d’elle que nous parlons ici, plus connue sous le nom de Comtesse de la Motte-Valois, est plus connue encore pour avoir été l’instigatrice d’une des plus célèbres arnaques de l’histoire : l’affaire du collier de la Reine
La petite Jeanne nait en juillet 1756 au fin fond de la bourgogne, en lignée bâtarde (mais légitimé) de Henri II.
Elle grandit au sein d’une famille noble mais sans pépettes qui vit d’expédients : son père est un ancien soldat devenu braconnier et sa mère se prostitue pour remplir l’assiette.
Inutile de vous dire que la petite Jeanne ne compte pas suivre le même chemin !
Mais à part son nom, elle n’a pas grand chose.
Ça suffira !
En tant que descendante royale désargentée, elle va se couler dans un rôle de demoiselle accablée qu’elle va exploiter pour extorquer un peu d’argent par ci par là jusqu’à se faire remarquer par Madame de Boulainvilliers qui vient en aide aux rejetons désargentés de la noblesse.
Jeanne acquiert ainsi une rente de 900 livres et se fait admettre au couvent de Longchamps.
Pourtant à 23 ans, Jeanne s’enfuit du couvent pour se réfugier à Bar sur Aube, chez une certaine Madame de Surmont qui lui fait confiance sur la simple valeur de sa bonne tronche et de son nom à rallonge.
C’est là que Jeanne, qui s’est laissé pousser le décolleté, épouse Nicolas de la Motte, un gendarme du roi sans pépettes non plus qui tente, lui, de se faire passer pour un comte pour faire bonne figure.
Qui se ressemble s’assemble !
Sauf qu’à eux deux, ils n’ont réussi qu’à creuser un peu plus le gouffre de leurs finances.
Pas bégueule, Jeanne revient faire du charme à la Boulainvilliers qui, bonne pâte, lui pardonne et l’introduit auprès du cardinal de Rohan, évêque de Strasbourg qui est connu pour multiplier depuis des années les tentatives vaines pour approcher Marie-Antoinette et regagner ses faveurs depuis qu’il a un peu déconné quand il était ambassadeur de France à Vienne.
A grand coup d’œillades et de grivoiseries dans les buissons, Jeanne fini par convaincre le cardinal de Rohan qu’elle peut l’aider à approcher la reine.
N’est-elle pas sa parente après tout ?
Voire même un peu plus que ça car Jeanne n’hésite pas à prétendre être l’amante de la reine, et être la responsable du long délai qui s’écoula avant que le mariage royal ne soit consommé…
Rien que ça !
Évidemment, le crédule (et amoureux) cardinal gobe tout le bobard et croit sa bonne fortune enfin assurée.
Pourquoi Jeanne se donne t’elle cette peine me demanderez-vous ?
Parce que la Jeannette a entendu parler d’un certain Charles Boehmer, bijoutier de son état, qui essaye depuis un moment de revendre au roi un collier en diamants qu’il avait fabriqué pour Madame du Barry (à la demande de Louis XV à l’époque).
Mais la révolution gronde déjà dans les rues de la capitale et Louis-XVI a bien conscience qu’un tel achat ne passerait pas bien auprès de la population.
Jeanne fait alors écrire par un faussaire 2 séries de lettres prétendument signées de la main de Marie Antoinette.
La première série, destinée au Cardinal de Rohan, crie l’envie de la reine de posséder ce collier de diamants que ne peut lui offrir son époux sans craindre la révolte.
La seconde série, destinée au joaillier, explique que la somme de la vente sera avancée par le cardinal de Rohan et que Jeanne, sa bonne cousine, servira d’intermédiaire.
Ne reculant devant rien, Jeanne va jusqu’à organiser une rencontre entre le cardinal de Rohan et une fausse Marie Antoinette pour crédibiliser son entourloupe et convaincre le cardinal d’avancer la thune.
(Ladite fausse reine était en réalité une prostituée, Nicole le Guay d’Oliva (ou Leguay), réputée pour sa ressemblance avec la souveraine)
Toutes les parties mises d’accord, rendez vous est pris dans les jardins de Versailles pour procédé à l’échange.
Le collier à peine entre ses mains, Jeanne et son mari (car oui elle était toujours mariée) et son amant (car oui elle avait un amant) s’empressèrent de le démonter et de vendre les pierres à l’unité entre Paris et Londres
Floué, le bijoutier ne manqua pas faire grand bruit de cette affaire et c’est le cardinal de Rohan, arrêté le 15 Aout 1785, qui permit de mettre au jour toute l’affaire.
Le roi et la reine souhaitèrent un procès public pour l’exemple mais aussi pour laver leur honneur entaché.
Mais loin d’avoir l’effet escompté, le procès entacha un peu plus la réputation de l’Autrichienne (déjà au plus mal dans l’opinion publique) et porta un coup sérieux à la monarchie.
Le cardinal fut jugé non coupable et acquitté. Mais il dut tout de même rembourser le collier…
La comtesse de la Motte-Valois fut déclarée coupable, condamnée à la prison à perpétuité à la Salpêtrière et à être marquée au fer rouge d’un V qui veut dire Voleuse sur l’épaule.
Puisque vous êtes des lecteurs concentrés et attentifs, vous n’aurez pas manqué remarquer qu’au début de mon papier, il était question d’un V imprimé sur la poitrine !
Ne s’agissait-il donc pas de Jeanne de la Motte ? Y’aurait t’il encore eu entourloupe ?
Non. C’était bien la Jeanette!
Lors de la flétrissure, la comtesse fut tellement échevelée que son bourreau lui appliqua le fer sur la poitrine .
Pour finir, d’enfermement à perpétuité il ne fut point question car Jeannette s’échappa rapidement de sa prison et partit à Londres, où elle publia ses mémoires, racontant tout de ses fausses relations intimes avec la reine avant de se suicider à 35 ans.