Pourquoi les mérovingiens sont-ils appelés les « rois fainéants » ?

tableau représentant les mérovingiens appelés les rois feneants affalé sur un char à boeufs

Vous n’avez peut être pas fait attention, mais il est d’usage de représenter les rois mérovingiens somnolents, grassouillets et confortablement affalés dans des chars à bœufs.

Vous reconnaitrez que ce n’est pas une façon très glorieuse de rendre hommage à toute une dynastie, surtout lorsque celle-ci a compté Clovis ou Dagobert dans ses rangs et a régné pendant plus de 3 siècles !

C’est que les mérovingiens furent appelés « les rois fainéants » et sont représentés comme tels !

Cette moquerie ‘est pas le simple fait de la mesquinerie de leurs successeurs (les carolingiens)
Non, non, non, !
Les mérovingiens n’étaient effectivement pas des foudres de guerre !
Dagobert est quasiment le dernier à avoir vraiment mis les mains dans le cambouis (pourtant tout le monde ne retient de lui que sa culotte à l’envers pauvre homme)…

Après lui, être roi était quasiment un emploi fictif !

caretde la neustrie et de l'austrasie pour illustrer l'article PCPL parciparla sur les rois faineantsÀ la mort de Dagobert en 639, le royaume franc est particulièrement instable : les sous-royaumes de Neustrie (autour de Paris) et d’Austrasie (autour de Metz) en particuliers ne cessent de se chiffonner.

Les héritiers de Dagobert étant seulement agés de 3 et 9 ans, le pouvoir fut confié aux maires des palais (respectivement de Neustrie et d’Austrasie donc).

En 690, Pépin de Herstal (Team Austrasie) réussi l’exploit de devenir maire des deux palais après avoir défait le maire Berthar (Team Neustrie).
Le conflit trouve enfin un semblant de solution : Pépin de Herstal a la main mise sur le royaume !

Toutefois il maintient les rois mérovingiens en place.
Il s’offre juste au passage le titre de prince…

A sa mort en 714, c’est son fils illégitime qui prend sa suite, le titre de maire étant héréditaire : un certain Charles Martel

Pendant que les rois mérovingiens successifs continuent de se la couler douce, Charles soumet la Thuringe et la Bavière, et stoppe l’invasion arabe en 732 lors de la célèbre bataille de Poitiers.

A la mort de Thierry IV en 737, Charles Martel, en véritable odeur de sainteté populaire, a une idée de génie :
Il décide de laisser le trône de France vacant afin d’habituer le peuple à l’absence des Mérovingiens.

Pour l’anecdote, lorsque lui-même décèdera quatre ans plus tard, il sera enseveli dans la basilique de Saint-Denis, à l’instar d’un roi de France.

portrait de pépin le bref avec les attributs royaux pour illustrer l'article PCPL dédié aux rois faineants

Son fils et successeur est Pépin le Bref. (Ca va ? vous me suivez dans la généalogie ? Sinon je vous fait un dessin, pas de soucis ! )

Dans un premier temps, celui-ci rend le trône de France aux mérovingiens (allez savoir pourquoi…) et fait couronner Childéric III en 743.

Mais après réflexion, il décide de marcher dans les pas de papa et fait déposer Childéric III en 751 avec l’aval des papes Zacharie et Étienne.

C’est la fin officielle de la dynastie mérovin­gienne, et le début du règne carolin­gien (le nom « carolingien » étant déduit de Charlemagne, fils de Pépin, qui sera le grand monarque qu’on connait, allant jusqu’à élever la France au statut d’Empire)

Le chroniqueurs carolingiens, dont c’était quand même un peu le boulot (notamment Eginhard, célèbre biographe à la gloire de Charlemagne), ne manquèrent donc pas de bien insister sur l’aspect « rois fainéants ne faisant qu’acte de présence et encore, ça dépend, faut voir » » des mérovingiens pendant que les carolingiens qui se bougeait le c** pour le royaume !

Mais pourquoi donc les avoir alors représenté dans des chars à bœufs ?

C’est qu’il était de coutume, lorsqu’on était couronné roi mérovingien, de s’adonner au rituel du circuit : il s’agissait de faire le tour du royaume monté sur un char à boeufs pour symboliser sa prise de possession du territoire et offrir production et fécondité !