D’où vient l’étrange comptage des points au tennis ?

panneau d'affichage de roland garros nadal djokovic pour illustrer l'article PCPL sur l'étrange comptage des points au tennis

Le sport occupant actuellement une bonne position dans le « top actu » (a l’heure où je rédige, on est en pleine coupe du monde de Rugby), j’ai eu envie moi aussi d’etre dans la tendance et de vous parler de…

Tennis !

Parce que le Rugby j’y connais rien… j’avoue même ne pas bien comprendre le principe de ce sport mais c’est une autre question…

Mais le Tennis j’aime bien.

Les baballes, les filets, les casquettes, les mini-jupettes : ça doit me rappeler inconsciemment mes parties endiablées de raquettes sur la plage de La Baule pendant les grandes vacances quand j’étais petite… vas savoir.

M’enfin, malgré mon enthousiasme pour ce sport, une question demeure :
Qu’est ce que c’est que ce système de comptage de points bizarre ?

Vous m’accorderez bien volontiers qu’il aurait été plus simple de compter « 1-2-3-Jeu-Set-et-Match » que
« 15-30-40-Avantage-Egalité-Jeu-Set et Match et que-vas-y-que-je-te-change-de-coté-à-chaque-fois-que-finalement-je-sais-plus-où-j’en-suis-dans-mon-comptage »…

Et je vous parle même pas du Tie-breack !

Les plus malins d’entre-vous me répondront certainement, sans sourciller, que c’est sans doute parce que le Tennis est un sport anglais et que les anglais bah… ils sont pas comme nous, faut pas chercher à comprendre…

C’est faux !
Le Tennis a une origine bien franchouille… sinon, je ne vous en parlerai pas !

gravure du jeu de paume pour illustrer l'article PCPL parciparla dédié à ll'étrange comptage des points au tennisL’origine du Tennis est en effet à chercher dans le jeu de Paume que l’on pratiquait dans l’hexagone dès la fin du Moyen-âge.

Et figurez vous qu’au jeu de paume, on comptait déjà les points d’une drôle de manière : 15/30/45/Jeu.

Daintre !
Qu’est ce que c’est que ce bordel : ils savaient pas compter au Moyen-âge ?!?
 
Pour expliquer l’origine de ce système de comptage, 4 hypothèses sont mises en avant.

– Hypothèse 1 : « la quadrature du cercle » :

En 1579, Jean Goselin, libraire d’Henri III, aurait expliqué que cette façon de compter était liée à l’astronomie (tenez vous bien…) :

Un signe physique (sixième partie du cercle) est divisé par imagination en 60 degrés, chaque degré en 60 minutes, chaque minute en 60 secondes, si bien que 15 degrés pris 4 fois (15-30-45-60) valent un signe physique.

Vous n’avez rien compris ? Vous ne voyez pas le rapport ?
Moi non plus…

– Hypothèse 2 : « Bouge pas, j’arrive. »

Charles Delahaye, célèbre joueur de Paume du 19ème siècle, nous explique que le nombre 15 est en réalité une mesure de longueur héritée du jeu de longue paume.

Dans cette variante du jeu traditionnel, on ne comptait pas les points.
A chaque point remporté, le serveur avançait de 15 pieds vers le filet. S’il gagnait le coup suivant, il avançait encore et ainsi de suite jusqu’à 4 coups gagnants qui le menaient au filet.

Si les deux joueurs avaient avancé chacun de 45 pieds, ils devaient gagner deux points de suite…

– Hypothèse 3 : « Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? »

En 2001, le Français Jacques Thédié, trésorier du club de Paume de Fontainebleau, a suggéré une nouvelle hypothèse.
Selon lui, la façon de compter les points au tennis ou au Jeu de Paume (15-30-40-Jeu) vient tout simplement du système d’unité de l’époque.

Aujourd’hui nous évoluons dans un système décimal (dizaine, centaine, milliers…) mais au Moyen-âge – période où est né le Jeu de Paume – on utilisait une système sexagésimal : c’est à dire qu’on comptait ou mesurait par paquets de 60.

C’est ainsi que les points au Jeu de Paume se comptaient jusqu’à 60, qui est devenu au fil du temps le « jeu »… comme les points au tennis donc.

C’est bien beau Monsieur Thédié mais cette explication est incomplète : quid du 15/30/45 (qui est même devenu 40 au fil du temps)…
Merci de revoir votre copie… C’est ni fait ni à faire…

denier d'or medieaux pour illustrer l'article PCPL sur l'étrange comptage des points au tennis qui pourraient être du au système monetaire des paris

– Hypothèse 4 : « Par ici la monnaie ! »

Les paris sportifs ont toujours existé (si si je vous jure, fallait les voir s’échanger des silex à l’occasion des grands criterium de mammouth à l’ère du cretacé !)
Le jeu de Paume n’a pas fait exception.

A l’époque, en France, la monnaie dérivait du système sexagésimal qu’on vient d’évoquer ci-dessus.
A titre indicatif, le « double d’or » valait 60 sous et le « denier d’or », 15 sous.

Lors des rencontres, points étaient donc comptés par les parieurs, selon l’avancé de leurs gains potentiels, c’est-à-dire en multiple de 15.

Pour être tout à fait honnête avec vous, aucune de ces hypothèses n’a, à ce jour, pleinement été validée.

Il ne me reste plus qu’a mener l’enquête…

Quelqu’un aurait le numéro de Federer ? Ou Nadal ? ou Djoko ?…
Non ?

Bon bah Yannick Noah alors ? Ca fera l’affaire…