« Mont de Piété » ; mettons nos objets « Au Clou » chez « Ma Tante »

fronton devanture du crédit municipal pour illustrer l'article pcpl par ci par là dédié aux surnoms chez ma tante et au clou

Vous l’aurez compris, aujourd’hui on parlera du crédit municipal et de ses multiples surnoms : « mont de piété », « au clou » ou encore « chez ma tante » !

C’est le 27 Mars 1637 que Théophraste Renaudot ouvre le premier crédit municipal de Paris.
Il existait déjà un Mont de piété en Avignon depuis 1610 mais à l’époque la ville est sous gouvernance papale et dépend du Vatican.
On ne peut donc pas vraiment dire qu’il s’agit du premier crédit municipal de France : nous retiendrons donc la date de 1637…

Le principe est simple : permettre au tout venant, en particulier aux plus démunis, de se procurer rapidement des liquidités en échange d’objets mit en gage. Le succès est immédiat, en 5 ans à peine, 58 autres villes ouvrent leur crédit municipal

Le terme « Mont de piété » nous vient de l’Italie du XVe siècle.
Il s’agit en effet d’une traduction libre et approximative de « monte di pieta » ; ‘monte’ signifiant à cette époque « somme d’argent due ».

L’idée du monte-di-piéta est née en 1462 chez Barnabé de Terni, un moine recollet (tendance franciscain) , qui cherchait un moyen de combattre les taux d’intérêt abusifs que pratiquaient les créanciers à l’époque et qui pouvaient atteindre jusqu’à 130% .
Il réussi alors à convaincre les riches de la cité de Pérouse de constituer un fonds permettant de créer un établissement de prêts sur gages : le Monte di Pietà.

Le second surnom « Chez ma tante » date quand à lui du début du XIXe siècle et plus particulièrement d’une anecdote impliquant un des fils de Louis-Philippe ; François Ferdinand d’Orleans, prince de Joinville.

Autour de 1840, le Prince de Joinville menait grand train mais était surtout un joueur invétéré ce qui fait qu’il avait un besoin constant d’argent frais.
Il avait ainsi régulièrement et discrètement recours aux services du Mont de Piété.
Un jour, s’apercevant qu’il ne portait plus la montre qu’elle lui avait offert, la Reine Marie-Amélie lui demanda ce qu’il en avait fait. Pris de court, le Prince de Joinville répondit qu’il l’avait oublié chez sa tante !

En bonne maman attentionnée, Marie-Amélie donna immédiatement l’ordre d’aller chercher la montre de son fils chez sa belle-soeur.
Le Prince de Joinville, non sans embarras, se vit contraint d’avouer la vérité.
La cour fit gorges chaudes de cette anecdote et le mot resta.

Pour ce qui est du « clou », il évoque simplement l’habitude selon laquelle les objets laissés en gage au Mont de Piété étaient exposés suspendus à des clous !