L’oublie, Ancêtre de la Gaufre totalement Oublié !

image d'une gaufre pour illustrer l'article PCPL dédié à l'oublie, ancetre de la gaufre datant du Moyen-age

Vous croyez que je ne vous entends pas ?

« Mais qu’est ce qu’elle raconte, elle !?! La Gaufre c’est Belge ! Gna-Gna-Gna »

Eh bah pas si sure…

En France, dès le Moyen Age, on mange de fines pâtisseries rondes, croustillantes cuites entre deux plaques de métal chauffées et généralement ornées de motifs religieux ou d’inscriptions pieuses (appelées des palettes) : les Oublies !

palettes en fer à oublie utilisé au moyen age pour cuire les oublies , ancetre des gaufres
C’est Saint Louis (Louis-IX), en 1270, qui créa la confrérie des oubliyeurs (ou oublieurs, oublayeurs, obloyers voire oubloiers).

2 conditions étaient requises pour devenir Maitre Oubliyeur:

– Être capable de forger soi-même ses plaques : autant vous dire qu’une foultitude de motifs existaient puisqu’à chaque pâtissier, son motif !

– Être capable de fabriquer 1000 oublies en un jour. (de 3 sortes différentes mais je vous passe les détails.)


On trouvait la plupart des échoppes d’oublies dans la bien-nommée rue des Oubloiers, (rebaptisée en 1480 « Rue de la Licorne » dans le 4ème Ardt, en référence au nom de la boutique d’oublies la plus renommée )

Toutefois les dimanches et jours de fêtes religieuses, les oubliyeurs étaient autorisés à cuire et vendre l’oublie à la criée, dans les rues.

On pouvait alors trouver jusqu’à un stand tous les 4 mètres (2 toises) qui était la distance minimum réglementaire pour éviter les bagarres entre marchands.

C’est que le marché de l’oublie était faste et tout le monde voulait sa part du gâteau (ha ha ha !)


En 1489, une directive de Jean Du Drac, prévôt des marchands, autorisa les maitres oubliyeurs à vendre l’oublie dans la rue en dehors des célébrations mais seulement après le coucher du soleil (il avait manifestement pas bien le sens du commerce le monsieur).

L’autorisation ne concernant que la vente (pas la cuisson), on vit dès lors des flopées de garçons arpenter rues avec des corbeilles en criant ou en chantant.

Histoire de prendre quand même un peu de plaisir dans cette tache ingrate de livraison nocturne, les galettes étaient jouées aux dés.

Si l’oublieur gagnait il était payé.
S’il perdait il donnait ses oublies.

Si par mégarde l’oubliyeur perdait toute sa corbeille il devait danser et chanter les pieds dans l’eau.

Dans « le dictionnaire des proverbes français » de Pierre Antoine Leboux de la Mésangère (1823), on apprend par ailleurs que c’est ce petit jeu qui est à l’origine de l’expression « On le ferait chanter dans l’eau comme l’oublieur » qui signifie qu’à condition d’y mettre le prix, on peut faire faire n’importe quoi à une personne !

Mais revenons à nos jeunes vendeurs ambulants.

Au 16e siècle, la « bonne société » ne se balade pas la nuit !
Alors elle invite les petits commis à venir égayer les fins des soupers à domicile.

On diasit alors qu’elle s’offrait le « plaisir de l’Oubliyeur » … et le sens de cette expression est double.

Certes il y a le plaisir d’une bonne petite pâtisserie à la fin du repas, mais également celui des chansons entonnées par les oubliyeurs.
Bizarrement, dès lors qu’elles se chantèrent dans l’intimité d’un salon parisien, les ritournalles des petits marchands devinrent de plus en plus grivoises, voire carrément olé-olé.

Et en cette époque libertine on aimait bien le olé-olé !

masque mortuaire de Cartouche, le bandit de grand chemin parisien, qui utilisait les vendeurs d'oublies pour se renseigner sur les vols à commettreCette pratique pris définitivement fin avec une ordonnance de 1722.

En effet, certains profitaient d’être inviter à entrer dans les logis bourgeois pour repérer les habitations et vendre ces informations à des voleurs, tels que ce célèbre Cartouche dont il est notoire que la bande de brigands comptait bon nombre d’oublieurs.

Et l’oublie tomba aux oubliettes.

(Ok elle était facile celle là… mais je peux pas être drôle tout l’temps ! )