Si on l’appelle « Le plus vieux métier du Monde » ce n’est pas pour rien : on trouve trace de la prostitution déjà dans la bible…
Alors loin de moi l’idée de sous estimer la prostitution masculine mais l’histoire n’en ayant gardé que peu de traces, nous nous concentrerons ici sur le commerce des charmes de ces dames !
Si les rigaudes, les michetonneuses et autres pècheresses ont de tout temps arpenté les trottoirs, leurs relations avec les autorités furent tour à tour tolérantes, répressives voire carrément houleuses.
Petit aperçu (rapide, très médiéval et non exhaustif) du « je-t’aime-moi-non-plus » que se jouèrent filles de joie, église et état :
– On ne fait pas des galipettes « Où-on-veut-quand-on-veut »
Soyons clairs, malgré leurs efforts, les autorités ne réussirent jamais à endiguer la prostitution.
Donc à défaut, on tenta de la légiférer et de la règlementer.
Les textes les plus célèbres sur le sujet sont les ordonnances de 1254 et 1256 édictées par le très pieux Louis-IX (Saint Louis)
En 1254, c’est simple, il interdit purement et simplement la prostitution jugée « Contraire à la Religion » : les prostituées sont expulsées des villes et tous leurs biens saisis.
Saint Louis est bien content pendant quelques temps mais l’homme du peuple gronde : il veut… bref !
Alors en 1256, Saint Louis fait un peu machine arrière et édite une nouvelle ordonnance un peu moins brutale mais qui règlemente strictement la prostitution.
Les filles de joies sont autorisées à battre le pavé du lundi au samedi, de 10 heures à 18/20 heures – exception fait de la semaine sainte bien-sur.
Mais ce n’est pas tout : on tenta de cantonner la gaudriole à certaines rues qu’on rebaptisa pour que ce soit bien clair pour tout le monde.
Ainsi à Paris par exemple, on pouvait trouver
– la rue du Poil-au-con, devenue la rue du Pélican (tout le monde sait ce qu’on appelle le « con » ? je ne vous fais pas de dessin ? )
– la rue Tire-Vit puis rue Tire-Boudinn, devenue la rue Marie-Stuart (idem, quelqu’un a besoin d’une explication pour savoir ce qu’est un « vit » ?)
– la rue Gratte-Cul, devenue la rue Dussoubs
– la rue Trace-Putain, devenue la rue Beaubourg
– la rue Réaumur, phonétiquement « raie au mur » où les filles venaient travailler par opposition au bordel
– la rue Pute-y-musse, devenue le rue du Petit-Musc (sachant que musser = flâner )
– Les maisons closes: un commerce de bourgeois, voire de saints hommes
Dès le Haut Moyen Âge, les prostituées furent encouragées à officier dans des maisons aux volets clos (le nom vient de là) dont les horaires d’ouverture étaient signalés par une lanterne rouge accrochées au dessus de la porte.
La gérance de ces maisons était attribuée par les seigneurs (ou le Roi) à des bourgeois ou des ecclésiastiques, notamment des abbesses (bah dites donc !) qui, sous réserve de s’acquitter d’un bail en retour, étaient autorisés à entretenir ce commerce, voire à faire des bénéfices sur le cul dos des demoiselles.
Et c’est avec les ordonnances de Saint-Louis que ces petites maison saux volets clos prirent ne nom de « bordeaux » puis « bordel » puisque le très religieux monarque les avaient « tolérées » mais chassées hors des villes… elles étaient au bord quoi … 😉
– Identifiez-vous Mesdames
Au fil des nombreux textes (édit, ordonnance, loi…) il fut également demandé à ces dames de bien signifier qu’elle usaient leurs semelles dans un but précis.
Tour à tour, elles durent donc s’identifier :
– en portant les cheveux roux
– en portant une ceinture dorée (encore la faute à St Louis et son ordonnance de 1259 : Toute dame faisant métier de putanisme devra porter ceinture dorée pour que les gardes la reconnaissent)
– en portant une aiguillette rouge à l’épaule gauche (une idée de Jeanne 1ère, Reine de Naples et comtesse de Provence)
– en portant un ruban large de trois doigts en travers de leur bonnet
– en portant une plaque doré à la ceinture (sous Henri IV)
– en portant un châle jaune…
– Saint Louis… pas si saint que ça !
En 1269, Louis IX s’apprête à embarquer pour la huitième croisade et prépare ses troupes.
Parmi elle, près de 13,000 prostituées payées par le roi lui-même pour suivre la cohorte de croisés. (C’était bien la peine de nous la jouer bigot-tout-pudique tiens !)
– Punitions … au profit du Roi !
En 1360, une ordonnance de Jean Jouvenel, tout nouveau prévôt des marchands de Paris de Jean II Le Bon, exige des « filles faisant peché de leur corps » une meilleure tenue.
Il leur fut interdit de porter sur leur robe « aucune gaze ou broderies, boutonnières blanches ou dorées, perles, ni manteaux fourrés de gris sous peine de confiscation ».
Si des prostituées étaient surprises avec ces apparats, elles étaient emmenées au Châtelet, déshabillées et renvoyer nues dans la rue.
Les vêtements ainsi récoltés étaient alors revendus… au profit de la couronne !
– Une corporation pieuse comme une autre
Lors des constructions de cathédrales, il était d’usage que des corporations de métiers offrent des vitraux : on y représentait alors hommes et femmes à l’ouvrage pour obtenir la protection du puissant sur son corps de métier.
Si vous passez un jour par la Cathédrale de Chartres, arrêtez vous quelques instants devant le Vitrail de la Parabole du Fils prodigue : laissez vous subjuguer par sa beauté, la finesse du travail du verre, la chatoyance de ses couleurs et constatez que les courtisanes sont représentées sur 11 médaillons sur 30 !
Rien n’est avéré mais il se raconte que ce vitrail fut offert à la cathédrales par ces dames !
– Où tu veux mais pas à Versailles !
Si vous avez lu vos classiques, vous savez que les prostituées récalcitrantes finissaient marquées au fer rouge ou envoyées dans les colonies.
Je vous dirais bien que c’était un moindre mal.
Sous Louis XIV (fin de règne, période Mme de Maintenon, tendance grenouille de bénitier) on coupait le nez et les oreilles de toutes prostituées surprises en flagrant délit avec un soldat, un matelot ou un forçat à moins de deux lieues de Versailles.
– La cocotte en plat du jour de chez Maxim’s
Début 20ème, Paris comptait plus d’une centaine de « cafés à serveuses montantes ».
Je ne vous fais pas de dessin…
Et puis il y avait Maxim’s… célèbre brasserie parisienne où se donnait rendez-vous tout le gratin parisien réputé pour son décor belle époque et… son « plat du jour » !
Je vois votre étonnement d’ici.
Non la carte de chez Maxi’ms ne se déclinait pas en version éco « entrée-plat-dessert » pour les fins de mois difficiles : « le plat du jour » ne désignait rien de comestible.
Il s’agissait de la table centrale de la brasserie, bien visible depuis la vitrine; laquelle table était exclusivement occupée par des cocottes, petit surnom qu’on donnait alors aux les galantes (on les appelait également « les grandes horizontales », vous comprenez bien pourquoi !) 😉