C’est un acquis pour beaucoups et depuis belle lurette : Berthe chaussait large !
C’est même devenu une expression populaire pour désigner celles qui n’ont pas la chance d’avoir de mignons petits petons.
Et tout ça à cause d’un poème datant de 1270 du célèbre Adenet (rien moins que roi des menestrels d’Henri-III) : « Li Rou mans de Berte aus grans piés ».
Dans ce poème une princesse de Hongrie de grande beauté (mais manifestement aux pieds hors normes) est promise à Pépin Le Bref.
Mais Margiste, la servante de ladite princesse, suggère à sa maitresse de ne point se présenter au roi de crainte que celui-ci ne prenne peur à la vue de sa difformité, mais plutôt d’y envoyer sa fille Aliste.
Et la princesse de s’exécuter (cette cruche !) pensant pouvoir récupérer sa place une fois les voeux de mariage prononcés.(bah oui, il est un peu concon Pépin, il va se rendre compte de rien ! C’est sûr !)
Bien évidement ça ne se passe pas du tout comme prévu et Berthe (parce que la princesse hongroise c’était Berthe évidemment. Vous aviez compris) est chassée au lendemain du mariage par Aliste, sa propre fille devenue reine.
Berthe (et ses pieds moches) trouve alors refuge dans une forêt où elle passe son temps à filer… pendant 9 ans !
Jusqu’à ce que sa mère, Blanchefleur, monte à Paris visiter à sa fille et dévoile la sombre supercherie !
Peu après Pépin, au cours d’une partie de chasse, tombe par hasard sur la Berthe, la reconnaît comme sa véritable épouse et chasse la fausse reine à coup de pieds dans le…
Ça c’est pour la version « Adenet »…
La version historique de la vie de Berthe est un peu moins « feux de l’amour » et un peu plus « prince(sse) de Machiavel »
Berthe, fille du Comte de Laon Caribert II et probablement de Gisèle d’Aquitaine est une jeune femme effectivement superbe et concubine « favorite » de Pepin Le Bref.
En 742, elle donne un fils à Pépin : Charles, futur Charlemagne.
Mais ça ne suffit pas à ce que Pépin l’épouse… tout simplement parce que celui ci a déjà une épouse : Leutburgie. (appelez moi celui qui attribuait les prénoms s’il vous plait !)
Mais Berthe a de la suite dans les idées et Pépin finit par répudier Leutburgie, à l’envoyer au cloitre avec leurs 5 fils et à convoler en justes noces avec sa belle qui lui donnera un second fils en 751 (Carloman) et jouera un grand rôle historique, notamment lors du conflit qui opposa ses deux fils.
Quid alors de ses pieds… bah rien !
Et c’est bien ça le souci : tout le monde a retenu le poème d’Adenet en considérant que le mot « piés » signifiait « pieds »… mais rien n’est moins sur !
« piés » pourrait en effet faire référence à :
Comme souvent rien n’est franchement tranché (on en aurait entendu parler sinon) alors je vous laisse choisir la version qui vous plaira 😉
Belle histoire 🙂 et pour l’information une « pointure » dans le monde de berthe à visiter : bertheauxgrandspieds.com