Egyptiens de l’Antiquité : une Autre Idée de l’Obstétrique…

papyrus représentant un accouchement dans l'egypte antique pour illustrer l'article PCPL dédié à l'obstétrique chez les égyptiens

Une fois n’est pas coutume, nous allons nous éloigner de l’Histoire Franco-française pour nous rapprocher de l’Histoire universelle de l’humanité : faire des bébés.

Il existe plusieurs papyrus (Ebers, Carslberg, Berlin, Ramesseum…) qui nous renseignent assez bien sur les connaissances médicales des égyptiens de l’antiquité et les traitements utilisés pour telle ou telle pathologie.

A chaque fois, plusieurs chapitres sont consacrés à la Fertilité, à la Procréation voire à la Contraception (oui madame !) et croyez moi… s’ils n’avaient pas assez de connaissances biochimiques pour comprendre pourquoi ou comment ça marchait, leurs petits systèmes étaient loin d’être bêtes !

 

– Test de Fertilité / Test de Grossesse :

gousses d'ail utilisées comme test de grossesse par les égyptiens de l'antiquité

Les papyrus contiennent de nombreuses recettes permettant d’établir si la femme peut concevoir ou non.
Par exemple, on pouvait insérer une gousse d’ail dans le vagin des femmes et vérifier leur haleine au matin : si elle était chargée en ail, alors elle était bonne pour enfanter. Si sa bouche ne sentait rien, c’était foutu.
Aussi archaïque soit il, ce test permettait de tester la perméabilité tubaire des trompes de Fallope effectivement responsables de certains cas d’infertilité.

Des siècles plus tard, Hippocrate remettra la technique au goût du jour : « Gousse d’ail, la nettoyer, en ôter les peaux, l’appliquer en pessaire et voir le lendemain si la femme sent par la bouche ; si elle sent, elle concevra, sinon non » puis finira par l’adapter un peu en remplacant l’ail par de l’encens, mais le principe reste le même.

ou encore…
« Verser des melons d’eau mêlés à du lait d’une femme ayant mis au monde un garçon dans le vagin de la femme. Si elle vomit, elle enfantera. Si elle a des vents (Ndlr : comprenez « si elle fait des prouts » ), elle n’enfantera pas ».

ou enfin…
« Tu placeras de l’orge et du blé que la femme arrosera de son urine chaque jour. Si l’orge et le blé germent tous les deux, elle enfantera. Si c’est l’orge qui germe en premier, ce sera un garçon. Si c’est le blé, ce sera une Fille »

Mis à part le pronostic du sexe de l’enfant, le test est efficace !
L’urine des femmes enceintes est enrichi en Folliculine, une hormone encore utilisée aujourd’hui dans certains engrais.
En revanche, la répartition fille/garçon ne se fonde sur rien de probant… l’hypothèse la plus communément admise est que mot hiéroglyphique « it » désigne à la fois l’orge et le père, donc les garçons…

 

– Contraception :

les coquilles de noix étaient utilisées comme préservatifs féminins dans l'egypte antique

Il est notoire que les égyptiens utilisaient des vessies d’animaux comme préservatifs masculins.
Mais ce n’est pas le seul moyen contraceptif qu’ils connaissaient !

Le plus ancien document écrit traitant de la contraception remonte à environ 4 000 ans et décrit des suppositoires vaginaux à base de pâte de levain et d’excréments séchés de crocodile.
L’excrément au PH acide agissant comme spermicide.
On trouve aussi des recette de suppositoires vaginaux fabriqués à base de gomme d’acacia riche en acide lactique, inhibiteur de la migration des spermatozoïdes :
« Faire qu’une femme cesse d’être enceinte pendant un, deux ou trois ans : Extrait d’acacia (fruit non mûr d’acacia ou partie de l’acacia), caroube, dattes. Ce sera finement broyé dans un vase de miel. Un tampon vaginal en sera imbibé et appliqué dans son vagin. »

Ou encore…
Des suppositoires à base de graines de grenade réduite en poudre riches en phyto-oestroegene connu pour empêcher le développement foetal

Ou enfin…
Pour celles qui n’étaient pas douées en confection de suppo, il restait toujours les coques de fruits évidées : Introduites dans le vagin, elles faisaient de très bonnes capes cervicales !

 

– Grossesse et Accouchement :

selon les egyptiens de l'antiquité, le sperme de l'homme permettait de fabriquer le squelette des bébé in utero

A me lire, on a l’impression que les égyptiennes passaient leur temps à essayer d’éviter d’avoir des enfants…
Évidemment non, elles étaient enceintes comme tout le monde !

Toutefois, s’ils avaient bien remarqué qu’il existait un lien étroit entre sexualité et procréation, on ne peut pas vraiment dire que les egyptiens avaient bien compris comment ça marchait : selon eux, la semence masculine provenait de la moelle osseuse et provoquait la formation du squelette dans le ventre de la femme : a charge pour elle de mettre de la chair autour !


Pour accoucher les femmes utilisaient ce qu’on appelle aujourd’hui la position physiologique naturelle : elles s’accroupissaient sur 4 briques rituelles (les meskhenets) et laissaient 2 sages femmes procéder à l’extraction du bébé.

Bon…
Le « bon geste » s’arrête là car pour calmer la douleur et l’inquiétude de leurs patientes, les sages femmes leur faisaient boire de la bière et une fois délivrée, les femmes étaient éloignées pendant 14 jours, le temps de se purifier de la souillure du sang et des humeurs.

Ce n’est qu’après ce laps de temps que jeunes mamans et bébé faisaient connaissance… On est bien loin de l’importance du premier contact et du peau à peau…