Dans le royaume de « Parle-la-France » vivaient deux frères, l’un pragmatique, l’autre rêveur, tenant naguère un commerce prospère.
Malheureusement, les temps fastes semblaient évanouis et l’un d’eux craignait pour l’avenir.
« Comment retrouver le succès d’antan ? » ne cessait-il de se répéter.
Le trouillomètre à zero, il fit part de ses craintes à son frère :
« – La solution est de vendre et partir nous aussi » dit l’un résolu
« – Oui, sans doute… surement… » répondit l’autre.
…
…
Ici s’arrête l’histoire des deux frères que je viens d’inventer et dont, en réalité, on se fiche comme d’une guigne, puisque toute la problématique de ce post est dans le texte.
Normalement, vous avez compris que deux frères avaient, il y a longtemps un commerce qui marchait plutôt pas mal mais que depuis un certain temps, tout allait de travers.
L’un d’eux, mort de peur se dit qu’il était vital de vendre et de partir pour s’en sortir tandis que l’autre n’était pas enchanté par l’idée.
Vous avez également du déduire que le mort de peur était le frère pragmatique tandis que le dubitatif était le rêveur, bien que rien ne le laisse supposer.
J’ai bon ?
Eh bah voilà où je voulais en venir :
Le sens de ce texte tel que vous l’avez lu, n’est pas juste : il est le résultat d’altérations de la langue et d’une façon particulière de rédiger sa prose !
Reprenons pour que vous compreniez :
On emploie « naguère » en synonyme de « il y a très longtemps » mais c’est un contresens.
« Naguère » est une contraction de « il n’y a guère » et doit donc être utilisé pour désigner un passé très récent.
Pour évoquer des temps lointains, on devrait utiliser « Jadis »
Le sens qu’on attribue à « d’antan » est relativement similaire et là encore, on a tout faux !
« Antan », à l’origine veut dire « l’année dernière ».
« D’antan » renvoie donc à la seule année passée et non à des temps anciens et là encore, « Jadis » serait plus approprié pour éviter le contresens.
Nos voisins d’outre manche sont d’ailleurs beaucoup plus justes dans leur traduction de « d’antan » car en anglais, le mot se dit « Yesteryear »
Passons maintenant conjointement à « sans doute » et « surement » qui littéralement signifient qu’on a une certitude, qu’on est sûr de nous, qu’on n’a aucun doute, que cette décision est la bonne !
Sauf que dans mon texte, vous avez compris le contraire.
Ici ce n’est pas une altération de la langue mais plutôt une forme de rédaction utilisant le point de suspension qui en biaise le sens !
Si à la place de « Oui, sans doute… Surement… » j’avais écrit « Oui, sans doute ! Surement ! » , la réponse du frère n’aurait pas du tout eu le même sens et aurait été bien plus conforme au sens littéral des mots employés !
Mine de rien, la ponctuation c’est important !
Finissons avec cette expression populaire que nous avons tous entendu et tous utilisé (soyons francs) mais dont j’ai toujours eu du mal à comprendre l’emploi : « avoir le trouillomètre à zèro » !!!
Un truc en « mètre » est par définition un instrument de mesure : le thermomètre mesure la température, le chronomètre mesure le temps, l’altimètre mesure l’altitude….
Donc, si je suis pas trop tarte, le trouillomètre mesure la trouille, la peur, les pétoches…
Vous voyez où je veux en venir ?
S’il est à ZERO ???? !!! ?????
Je vous laisse à vos déductions….
Merci ! Bonsoir ! 😉
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