Ok on est aujourd’hui très habitué(e) à utiliser ce clavier dit « Azerty » et si on nous le changeait, on serait les premiers à râler.
Il faut avouer qu’on à tous et toutes appris à taper dessus et qu’on a bien été forcé(e) de s’y faire.
Mais vous êtes vous déjà demandé pourquoi les touches étaient rangées dans cet ordre parfaitement illogique ?
La responsabilité est entièrement à imputer au mécanisme de cette bonne vieille « Remington N°1 » ; ancêtre de toutes les machines à écrire rétro aux touches qui faisaient « Tac-atac-atac », aux petits tampons encreurs marteaux à longues tiges et au ruban d’encre qu’il fallait changer régulièrement.
En 1868, à Milwaukee, Christopher Latham Sholes (aidé du mécanicien Carlos Glidden) développe une machine à taper plus ergonomique et plus facile à usiner que l’énigmatique « Writing Ball » utilisée jusque-là pour la rédaction de documents dactylographiés.
Il invente donc la première « Typewriter » dont le clavier est, en toute logique, rangé par ordre alphabétique.
Malheureusement, Sholes se heurte rapidement à un problème majeur :
Lorsque deux touches voisines sont actionnées consécutivement, le tampon montant s’entrechoque avec le tampon descendant.
Autant dire que ça se coinçait tout le temps, et que les utilisateurs passaient autant de temps à taper leur document qu’a démêler les marteaux !
L’idée « géniale » fut donc de réorganiser les touches plutôt que de retravailler le mécanisme complet de la TypeWriter.
Les paires de lettres fréquemment associées furent déplacées et envoyées aux 4 coins du clavier : le QWERTY était né.
Et ça marche : cet arrangement chaotique réduisit quasiment à néant le chocs de marteaux, et avec un peu d’entrainement, la vitesse de frappe redevint optimum.
Le succès de la Typewriter fut tel que, le 1er mars 1873, la société « Remignton & fils », qui jusque là faisait des armes, en racheta le brevet pour 12000 dollars en vue d’une commercialisation à grande échelle.
(Allez savoir comment on passe de la fabrication de fusils à celle de machines à écrire… mystère !)
Eliphabet Rémington demanda alors que fut appliqué la logique Sholes aux divers pays d’exportation et en moins de 20 ans, tout le monde tapait sur un clavier agencé selon l’occurrence linguistique de sa langue.
Et pour la France : c’est AZERTY dont les premières utilisations sont estimées à 1890.
Je vous avoue que quand je regarde mon clavier le coté logique latine ne me semble pas ultra clair mais bon… je ne suis pas ingénieur en machine à écrire, ça doit être pour ça.
Comme toute bonne bécane, la Remington continua d’évoluer avec le temps jusqu’à la mise en place d’un petit ressort permettant aux tiges des tampons de revenir beaucoup plus vite.
Cette vitesse de retour réglait donc le problème de croisement des marteaux et Sholès proposa à la société Remington de revenir à un clavier alphabétique.
Mais Eliphalet Remington refusa pour des raisons commerciales.
Nous continuons donc à utiliser l’Azerty (ou le Qwerty), cet arrangement farfelu de touches, crée initialement pour résoudre un problème purement mécanique… auquel on avait trouvé la solution !
Car RIEN ne nous oblige à utiliser l’AZERTY : C’est une pure habitude.
Les fabricants d’ordinateurs (parce que les machines à écrire, c’est plus trop à la mode) pourraient très bien décider demain de changer l’arrangement des touches sans que personne ne puisse y trouver à redire.
Et c’est un peu ce qui se passa en 1907 : la commission Albert Navarre développa un clavier censé être plus ergonomique (et donc plus efficace) que l’Azerty pour la France.
Après moult débats, on décida de disposer les touches en fonction de leur fréquence d’utilisation, à l’image de la disposition DHIATENSOR en Amérique.
C’est ainsi que fut mise au point la disposition ZHJAYSCPG.
Vous n’en avez jamais entendu parlé ?
C’est normal, l’échec fut cuisant : L’invasion des Remington à Azerty ayant commencée depuis 1890, il était déjà trop tard…