Dieu qu’il est difficile cet article !
D’Oscar Wilde il y aurait tant à dire et pourtant… je vais devoir être synthétique voire drastique !
Je ne me lancerai donc pas ici dans la description ou l’analyse de son oeuvre et je vous dirai, lecteurs fidèles, que pour tout ça « google est votre ami ».
Non! Je vais choisir ici un angle peu conventionnel pour parler du maitre puisque je vais commencer par la fin.
Oscar Wilde s’éteint le 30 Novembre 1900 des suites d’une méningite qu’il aurait développée après une opération de l’oreille.
Comme beaucoup d’artiste, il est fauché et son corps est d’abord inhumé en sixième classe au cimetière de Bagneux (dans les Hauts de Seine)
C’est grâce à son fidèle ami (et ancien amant) Robert Baldwin Ross (dit Robbie ) que les restes du dandy subversif purent être rapatriés dans un cimetière à la hauteur de son génie : le Père Lachaise à Paris (89ème division) en 1909.
On l’ignore, car rien ne stipule sa présence, mais Robert Baldwin Ross demanda, en échange de cette bienveillance, que ses cendres reposent aux cotés des restes de celui dont il fut le plus proche ami.
En 1911, Helen Carew, une admiratrice mécène d’Oscar Wilde, commande un monument funéraire à l’artiste controversé mais en vogue du moment : Jacob Epstein.
Le moins qu’on puisse dire c’est que le sculpteur choisit une inspiration peu banale et de prime abord sans trop de rapport avec Oscar Wilde : il décida de s’inspirer d’un taureau ailé assyrien conservé au British Museum pour édifier un « Flying Demon Angel », possible représentation de la Sphinge (le « sphinx » dans sa version anglophone) évoquée dans un célèbre poème d’Oscar Wilde.
En 1914, lorsqu’il fut dévoilé, le monument, si grandiose soit-il, choqua l’assistance.
Vous savez ce qu’on dit des taureaux… et bien celui-ci c’est pareil !
Le « Flying Demon Angel » était viril…très viril… très très viril..
Les descendants et les admirateurs ne sourirent pas de la chose et demandèrent que soient bâcher cette obscénité.
Dans les années 60, un acte de vandalisme mit fin au problème : on découvrit un matin la sphinge émasculée, parait il à coups de parapluie !
Il se dit qu’un employé du cimetière aurait retrouvé le pénis dans une allée et l’aurait rapporté au directeur dans le bureau duquel il trônerait depuis en guise de presse-papiers !
Dans les années 90, un autre phénomène se mit en place autour de la tombe d’Oscar Wilde : les visiteurs prirent l’habitude d’embrasser le monument avec du rouge à lèvre.
La ferveur des fans d’Oscar n’étant plus à prouver, le monument fut littéralement recouvert de baisers.
Seulement le gras du maquillage laissa de multiples traces persistantes et fort laides : il fallut donc nettoyer en profondeur la pierre et ce à de multiples reprises car à peine propre, les bouches revenaient à l’assaut !
En 2011, on profita d’un énième nettoyage pour tenter de régler le problème en installant des parois de plexiglas autour de la tombe.
Si le résultat n’est pas efficace à 100% – car il y aura toujours d’irréductibles admirateurs qui voudront becotter Oscar Wilde – force est de reconnaitre que le nombre de bisous a fortement diminué !
Et là, vous vous demandez « mais pourquoi donc embrasser Oscar ? »
La raison n’est pas clairement exprimée mais il serait possible d’y voir un pied de nez à ce qui causa la perte d’Oscar Wilde.
En 1895, Wilde connait la gloire mais s’empêtre dans un procès qui l’oppose au père de son amant Alfred Bruce Douglas ( dit « Bosie » … Wilde aimait apparemment bien les surnoms !) celui-ci jugeant Wilde responsable de la perversité de son fils (il semblerait que ce soit plutôt le jeune homme ait été le « professeur » de Wilde en matière sexualité !)
Le père de Bosie, bien décidé à détruire Wilde, fit porter aux pièces à conviction une lettre intime où il est question de baisers qui sera lue et allègrement commentée jusqu’au dehors du tribunal :
« Mon garçon à moi,»
Votre sonnet est tout à fait adorable, et c’est prodige que vos lèvres, rouges comme des pétales, soient faites non moins pour l’ivresse de la musique que pour l’ivresse des baisers. Votre svelte âme d’or se promène entre la passion et la poésie. Nul Hyacinthe, au temps des Grecs, n’a poursuivi l’Amour plus follement que vous. Pourquoi restez-vous seul à Londres, et quand irez-vous à Salisbury ? Rafraîchissez vos mains au crépuscule gris de ces choses gothiques puis revenez ici pour tout ce qui pourra vous plaire. L’endroit est adorable, il n’y manque que vous, mais, d’abord allez à Salisbury. Pour toujours, avec un impérissable amour.
Le tribunal puritain condamnera Oscar Wilde à 2 ans d’emprisonnement et de travaux forcés pour « Grave Immoralité ».
Les travaux forcés et l’enfermement affecteront Wilde au point qu’il ne produira qu’une seule œuvre après sa libération, elle-même sur le thème de la prison: « Ballade de la geôle de Reading » et mourra 3 ans après.
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Episode PCPL : N’embrassez plus Oscar
Infos Pratiques
Flying Demon Angel
Tombe de Oscar Wilde
Cimetière Père Lachaise
89ème Division
75020 Paris
Metro : Père Lachaise
Tarif : Gratuit