phot d'un bébé faisant une grimace pôur illustrer l'article par ci par la PCPL dédié aux habitudes de soins des enfants, bébés et nourrissons au 18ème siècle

Dur Dur d’etre un Bébé au 18ème Siècle !

Aujourd’hui quand Bébé pointe le bout de son nez, c’est tout un événement et tout est mis en œuvre pour son bien-être.

Mais ça, c’est grâce à des années d’évolution tant dans les techniques de soins que dans la prise en considération du « statut » de Bébé

Pendant longtemps l’enfant a été considéré comme un adulte miniature à ce détail près qu’il est moins résistant; pas de quoi lui offrir un traitement de faveur en somme !

D’ailleurs le mot «pédiatrie» ne fait son apparition qu’en 1872 et on ne commence à l’enseigner qu’à partir de 1878.

Pourtant, on connait aujourd’hui, avec pas mal de précision, les habitudes du 18ème siècle en matière de grossesse, d’accouchement et de soins aux nourrissons, grâce à « l’Abrégé de l’art des accouchements« , un manuel de sages-femmes de 1758 écrit par Angélique Marguerite Le Boursier Du Coudray.

Et croyez moi… bébé avait intérêt à serrer les dents (enfin les gencives) et à s’accrocher !

 

  • L’Accouchement :

Avant de couper le cordon, on prenait soin de vérifier que Bébé était bien vigoureux.

S’il donnait des signes de mou, pas de bol : il avait droit à un traitement de choc pour lui redonner du pep’s : tête, poitrine, ventre et cordon ombilical étaient enveloppés dans des linges trempés de vin chaud ou d’eau de vie.

Il était même conseillé de lui en glisser quelques gouttes dans le gosier et dans le nez pour être bien sur…

Si vraiment ça ne suffisait pas, il était (fortement) recommandé d’écraser un oignon sous son nez

Normalement, avec tout ça, bébé avait poussé son premier cri et on pouvait procéder à la section du cordon.

Si par mégarde on avait coupé le cordon avant ce petit rituel fortifiant, pas de panique : une petite saignée de 12 gouttes faisait l’affaire.

 

  • Les Premiers Soins

Avant tout, précisons un petit point : au 18ème siècle qui dit « Naissance » dit « Urgence »

La religion est primordiale et il faut baptiser Bébé dare-dare.
On ne sait jamais ce qui peut arriver (et il n’était pas rare que ça arrive) et sans baptême, point de paradis !

Alors on se dépêche :
– La tête de Bébé était nettoyée avec du vin chaud et du beurre frais ( pour les plus démunis, de l’eau chaude faisait l’affaire… ce qui n’était pas plus mal finalement ) pour « retirer l’ordure qui s’y rencontre assez souvent » car on ne court pas au baptême dans un « état dégouttant« .
bébé emmailloté pour illustrer l'article PCPL sur les soins dédiés aux nourrissons au 18ème siècle
– On remodelait le crane à la main afin de s’assurer qu’il était bien rond avant de l’envelopper dans un linge pour couvrir « la fontaine » car c’est par là que l’enfant risquait de s’enrhumer.
– Le corps de Bébé était à son tour nettoyé au vin et au beurre (précision importante : sans sel le beurre pour éviter l’infection du cordon) puis était emmailloté fermement afin que l’enfant ne devienne pas « bancroche » en grandissant (c’est à dire « bancal »… autrement dit « boiteux »).

Vous aurez remarqué qu’à ce stade, Bébé, tout oint de beurre et complètement pompette, n’a toujours pas mangé…

C’est qu’il était de coutume de ne pas le faire téter avant 24 heures pour lui faire dégorger ses phlegmes.

Mais ne vous méprenez pas : on n’était pas (que) des barbares et personne n’aurait l’idée de laisser un bambin le ventre vide : un peu de vin chaud avec du sucre ou du sirop de chicorée composé de rhubarbe lui était donné.

… Et là Bébé était fin bourré !

 

  • Le Quotidien de Bébé

Sur la forme, être Bébé d’une famille aisée ou Bébé d’une famille pauvre ne signifie pas la même chose.

Tandis que Bébé Riche est confié aux soins d’une nourrice, Bébé Pauvre (quand il a la chance de rester dans sa famille) est plutôt livré à lui même et passe ses journées seul

Oui : seul !

Impossible pour les mamans de s’arrêter de travailler, même quelques jours alors dès les souffrances des couches passées, ces dames retournaient aux champs et laissaient Bébé à la maison en ayant quand même pris soin de les placer près du feu.

Évidemment à leur retour – au mieux – Bébé baignait dans ses excréments – au pire- avait été brûlé par une braise sautée de la cheminée, étouffé par les gaz ou attaqué par un animal (souvent des cochons).

Coté hygiène en revanche, Bébé Riche et Bébé Pauvre : même punition!

Les bambins n’étaient que très rarement lavés car on estimait que la couche de crasse qui les couvrait formait une barrière protectrice contre les maladies.

On ne leur enlevaient aussi les poux qu’avec parcimonie jugeant que les quelques gouttes de sang sucées par l’insecte constituaient une forme de saignée salutaire.

Pour ce qui était de « Pipi et Popo », rappelons que Bébé Riche ou Pauvre était emmailloté fermement ce qui complique un peu la manœuvre.
Donc les langes n’étaient changés qu’une fois par jour.

Mais c’est loin de poser un problème de conscience à qui que ce soit : au 18ème siècle l’urine était considérée comme un antiseptique.

Donc même une fois retiré, le lange, tant qu’il n’était pas souillé d’excréments, n’était pas lavé mais juste séché jusqu’à sa prochaine utilisation.



Au final, vous m’accorderez que c’est pas génial dans les deux cas : on comprend mieux le taux élevé de mortalité infantile et que la relation mère/enfant fut d’une pauvreté affligeante.

Sans compter que la contraception était quasi inexistante : le moyen de « contrôle » des grossesses le plus répandu était l’avortement à la bonne franquette (en buvant des tisanes ou en se tapant sur le bidon)
Les femmes ne connaissaient souvent pas l’âge exact de leurs enfants et bien souvent, à 35/40 ans, elles étaient souvent bien en peine de se souvenir combien elles avaient eu d’enfants, morts ou encore vivants !

 


Sources : l’Abrégé de l’art des accouchements, AM Le Boursier Du Coudray – Web Divers

2 comments

  1. Hé bé !!! Je suis née à la bonne époque ^^ Merci pour ces infos !

  2. Très bon article, qui allie (triste) réalité historique et humour.
    Pour continuer le sujet, sur les sages-femmes de l’époque: https://genealogie101.com/2016/05/23/lelection-de-sage-femme-au-xviiieme-siecle/