LOUIS XVI
De tout temps, on a zigouillé les vilains.
Pendaison, écartèlement, bûcher, peloton… la méthode dépendait du crime, de la période historique mais aussi du rang social du supplicié.
Et quand il s’agissait de faire rouler une tête, (on appelle ça « la décollation » ou « le décollement »), selon que vous étiez aristo ou populo, français ou anglais, vous aviez droit à la hache ou à l’épée… plus ou moins émoussée.
Tout le monde a en tête ces histoires barbares de décapitation qui tournèrent mal du fait d’un fil trop peu tranchant (je pense notamment à Thomas Cromwell ou Mary Stuart).
Notons ici que les français étaient réputés les meilleurs à ce p’tit jeu, au point que se voir condamner à mourir « à la française » (c’est à dire sans billot et à l’épée) était presque un signe de clémence.
Mais revenons à la mécanisation de tout ça.
Le 1er Décembre 1789, Joseph Guillotin monte à la tribune de l’Assemblée Constituante pour plaider la mise en place d’une exécution rapide et mécanique pour tout le monde.
C’est un flop.
Sur le principe, l’Assemblée n’a rien contre mais faute de temps, elle reporte les délibérations.
Quasiment 2 ans plus tard, à la demande du député Le Peletier Saint Fargeau, le sujet est remis sur la table, cette fois-ci avec succès.
Le code pénal est modifié et on peut désormais lire Art.3, Tit.1 :
« Tout condamné à mort aura la tête tranchée ».
C’est bien beau tout ça mais comment faire ?
Le bourreau Sanson n’a qu’une paire de bras ! Il risque d’être un peu débordé pépère en ces temps de Terreur.
C’est Antoine Louis, secrétaire perpétuel de l’Académie de Chirurgie, qui se voit confier la tâche de développer une machine à zigouiller, sur le modèle de « la veuve » écossaise dont la lame est légèrement arrondie.
Le 2 mars 1792, Antoine Louis aurait donc été invité aux Tuileries par Louis XVI, féru de mécanique, pour discuter du chantier.
4 avis valant mieux que 2, les deux hommes auraient également consulté Joseph Guillotin et Sanson qui, de leurs cotés, ont déjà ébauché un projet de machine à raccourcir.
Le monarque, prétendument incognito à cette réunion, après examen des dessins aurait émis une critique sur la forme de la lame arguant qu’une lame « en forme de croissant » n’était pas adaptée à une coupe franche et totale en un coup.
Considérant la résistance du tronc cervical, il aurait démontré que sans appuyer fortement ou sans scier, celui-ci ne se romprait jamais.
Louis XVI aurait alors corrigé le dessin de la lame pour lui donner sa forme oblique tristement célèbre.
Finissons en précisant toutefois que cette version n’est pas formellement avérée.
On la retrouve certes dans l’édition de 1862 des « Mémoires des Sanson » mais, cet ouvrage étant apocryphe, il est forcément soumis à caution.
Il manque le mouton (le poids) à la lame .
Ca va faire très mal mais pas le tuer ….