Si vous vous baladez un jour entre le parc Montsouris, l’avenue Reille et la rue de la Tombe-Issoire, dans le sud du 14e arrondissement, vous croiserez un bien étrange terrain gazonné grand comme trois stades de foot fermé au public.

Pourquoi un si grand espace vide dans cette ville qui manque cruellement de logements me direz-vous ?
Et bien parce que sous le gazon se cachent 203.000 m3 d’eau.
En effet, cet endroit est l’un des cinq réservoirs d’eau potable de la ville.

Notons ici que le parisien est un vrai soiffard car les 203.000m3 d’eau du réservoir de Montsouris ne permettent d’assurer qu’un tiers de la consommation quotidienne de la capitale en or bleu.
(Les cinq réservoirs cumulés ne permettent que d’assurer la consommation de deux jours !)

C’est Eugène Belgrand, un ingénieur sacrément malin qui construisit le réservoir de Montsouris en 1869.
je dis « sacrément malin » car il faut en effet savoir que l’eau suit toujours le tracé mis au point par Belgrand et ne nécessite aucune énergie pour son acheminement, utilisant les dénivelés naturels et la gravité pour circuler.

Mais revenons à nos poissons.

Si un jour il vous prenait l’envie de visiter le très beau réservoir de Monstsouris (hyper impressionnant, je vous le recommande vivement – uniquement accessible à l’occasion des journées du patrimoine), vous pourrez voir à l’entrée de celui-ci des aquariums (aujourd’hui vides) qui accueillaient en leur temps… des petites truites.

Ces poissons, très sensibles aux polluants, avaient donc vocation à tester l’eau à l’entrée et à la sortie du réservoir.
Si les truites montraient des signes de faiblesse, l’eau étaient déviée vers les égouts afin de ne pas contaminer les parisiens.

Et ce procédé a fait ses preuves puisqu’il a été utilisé pendant près de 130 ans !

Deux théories s’opposent quand à la mise à la retraite des truites.
Pour certains, elle est due au renforcement du plan vigipirate : on aurait dû mettre plus de chlore dans l’eau de Paris pour anticiper toute tentative d’attaque via le réseau d’eau potable.
Les truites auraient du être changées tous les trimestres donc on a préféré les retirer.
Pour d’autres, la disparition des truites ne serait que le résultat d’une évolution moderniste : on serait simplement passé à des analyses plus scientifiques et objectives, en laboratoire.

Toujours est-il que depuis 1996, les truites bullent…
(et je sors sur ce calembour au sommet de l’humour ^^ Merci public !)

 

 

Sources : eau de paris – le figaro – flickr